Depuis le 17 octobre, le cannabis est en vente libre au Canada… si vous avez plus de 18 ou 19 ans, selon les provinces (en procurer à des gens plus jeunes est un délit très lourdement pénalisé).
Au même moment, le gouvernement canadien a lancé une campagne « d’information du public » pour mettre en garde les très jeunes contre les dangers de la marijuana, et pour faire passer le message que la légalisation n’est pas un feu vert à la consommation… alors que les efforts engagés depuis longtemps pour les dissuader ont eu peu de succès.
Selon le ministre canadien qui a piloté la légalisation, beaucoup de très jeunes pensent que le cannabis est anodin, du genre bio et naturel, et il faut donc donner aux parents des informations et des faits qui leur permettent d’aller au-delà de la « mythologie » et de la désinformation pour aborder la question avec leurs enfants.
Mais cela peut s’avérer compliqué.
D’abord, les recherches scientifiques sur les effets de la marijuana sur le développement du cerveau n’offrent pas de résultats vraiment tranchés. S’il apparaît bien que consommer régulièrement du cannabis à 12 ans peut altérer certaines fonctions bien plus longtemps que ne dure l’effet, il semble clair que l’alcool et le tabac sont des facteurs bien plus évidents de réduction des facultés cognitives à long terme. Ce qui semble avéré, c’est que fumer dès 12 ans a plus de chance de faire des dégâts si c’est une pratique régulière, une consommation de cannabis très puissant ou lorsque qu’il y a eu dans l’histoire familiale de graves troubles mentaux.
Ensuite, les stratégies pour s’adresser aux ados sont diverses et diversement efficaces. Certains centres de santé publique ont adopté des stratégies de « réduction des dégâts » en encourageant les jeunes à faire des breaks, des jours-sans. D’autres préconisent l’abstinence… En fait, ce qu’il faut faire passer, c’est « simplement » que ce n’est pas parce que c’est légal que c’est sans danger. Mais les responsables de prévention savent que ça ne marche pas comme ça… Le programme qui consistait à envoyer des policiers dans les écoles pour dire « just say no to drugs » n’a eu aucun effet, voire l’effet inverse à celui qui était attendu.
Des enseignants en santé publique préconisent d’inciter les parents à discuter avec leurs enfants des conséquences de la consommation de tout type de substances – y compris la caféine – le plus tôt possible et régulièrement, pour éviter qu’ils aillent chercher ailleurs des informations… qui ne seront pas toujours sûres, et surtout pour que les enfants se sentent aimés et écoutés.
Le problème pourrait bien être de trouver le bon guide à l’usage des parents plus que le bon programme public de prévention.
Source : Canada’s Message to Teenagers: Marijuana Is Legal Now. Please Don’t Smoke It.
New York Times du 11 novembre 2018.